C'est dans ce climat de troubles religieux, de tensions sociales, de décomposition
morale, qu'Augustin, évêque d'Hippone, va bâtir sa «cité de Dieu». Il est né en Numidie, à Thagasfe (Souk-Ahras), en 354, d'une famille assez typique de petite bourgeoisie berbère. Sa mère, Monique, est une ardente
chrétienne. 5on père, Patricius,
possède un lopin de terre. Pour un
garçon pauvre, l'éducation classique
est le meilleur moyen de réussir.
Augustin a donc choisi de devenir professeur. Comme beaucoup
d'Africains, il a le goût des belles-lettres, le verbe coloré et une grande facilité d'élocution. On le retrouve à Carfhage, puis à Rome et à Milan, petit rhéteur
expansif, militant en faveur de l'hérésie
manichéenne. C'est à Milan, en 387, qu'après avoir rencontré l'évêque Ambroise, il est bouleversé par l'appel de Dieu. Et l'Afrique, qui avait laissé partir un jeune ambitieux, voit revenir un homme mûr, ayant choisi de vivre dans la pauvreté et le recueillement, pour
méditer l'Évangile avec quelques frères, «
serviteurs de Dieu ». Les habitants
d'Hippone en décident autrement. Un jour où Augustin est venu écouter le sermon du vieil évêque Vale-rius
qui se lamente sur la pénurie des prêtres,
il est encerclé par les fidèles et poussé
de force jusqu'au trône épiscopal aux
cris d'« Augustin, prêtre! » : « Je fus
empoigné, fait prêtre, et cela me conduisit
finalement à l'épiscopat », écrit
Augustin avec humour. Cette sorte de «
capture » était d'ailleurs relativement
courante au Bas-Empire. L'homme de
solitude est devenu un personnage
public. Du matin au soir, Augustin
secourt les pauvres, prêche, organise
des réunions contradictoires pour confondre
les donatistes, court à Car-thage,
rédige des notes diplomatiques. On vient de loin pour l'entendre, ce petit homme
un peu chétif, vêtu d'une sombre tunique
noire, qui tonne contre les «
scandales du siècle » et dénonce les hérésies.
La plaisanterie, l'anecdote, l'analyse rigoureuse, la tendresse, la colère se succèdent tour à tour dans ses sermons, et c'est ce même grand art que l'on retrouve dans ses écrits. Il faut un homme
de cette foi et de cette intelligence pour
reprendre en main l'Église déchirée.
La lutte contre le donatisme va
durer de longues années et se terminer victorieusement, en 414, au
concile d(Hippone, par le triomphe de l’Église catholique.
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