Recent Posts

06-AUGUSTIN, PRÊTRE !

C'est dans ce climat de troubles reli­gieux, de tensions sociales, de décom­position morale, qu'Augustin, évêque d'Hippone, va bâtir sa «cité de Dieu». Il est né en Numidie, à Thagasfe (Souk-Ahras), en 354, d'une famille assez typi­que de petite bourgeoisie berbère. Sa mère, Monique, est une ardente chré­tienne. 5on père, Patricius, possède un lopin de terre. Pour un garçon pauvre, l'éducation classique est le meilleur moyen de réussir. Augustin a donc choisi de devenir professeur. Comme beau­coup d'Africains, il a le goût des belles-lettres, le verbe coloré et une grande facilité d'élocution. On le retrouve à Carfhage, puis à Rome et à Milan, petit rhéteur expansif, militant en faveur de l'hérésie manichéenne. C'est à Milan, en 387, qu'après avoir rencontré l'évê­que Ambroise, il est bouleversé par l'appel de Dieu. Et l'Afrique, qui avait laissé partir un jeune ambitieux, voit revenir un homme mûr, ayant choisi de vivre dans la pauvreté et le recueillement, pour méditer l'Évangile avec quelques frères, « serviteurs de Dieu ». Les habitants d'Hippone en décident autrement. Un jour où Augustin est venu écouter le sermon du vieil évêque Vale-rius qui se lamente sur la pénurie des prêtres, il est encerclé par les fidèles et poussé de force jusqu'au trône épiscopal aux cris d'« Augustin, prêtre! » : « Je fus empoigné, fait prêtre, et cela me conduisit finalement à l'épiscopat », écrit Augustin avec humour. Cette sorte de « capture » était d'ailleurs relative­ment courante au Bas-Empire. L'homme de solitude est devenu un per­sonnage public. Du matin au soir, Au­gustin secourt les pauvres, prêche, orga­nise des réunions contradictoires pour confondre les donatistes, court à Car-thage, rédige des notes diplomatiques. On vient de loin pour l'entendre, ce petit homme un peu chétif, vêtu d'une som­bre tunique noire, qui tonne contre les « scandales du siècle » et dénonce les hérésies. La plaisanterie, l'anecdote, l'analyse rigoureuse, la tendresse, la colère se succèdent tour à tour dans ses sermons, et c'est ce même grand art que l'on retrouve dans ses écrits. Il faut un homme de cette foi et de cette intelli­gence pour reprendre en main l'Église déchirée. La lutte contre le donatisme va durer de longues années et se termi­ner victorieusement, en 414, au concile d(Hippone, par le triomphe de l’Église catholique.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire