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13-Le Bref Éclat De Tlemcen

La vie au royaume de Tlemcen devait présenter beaucoup d'agrément. Ados­sée à une colline au milieu des vergers et des treilles, bruissante de sources et de fontaines, la ville ressemble, dit un poète arabe, à « une jeune fiancée sur son lit nuptial »! Elle doit sa prospérité à une personnalité de premier plan, Yaghmoràçan (1208-1283), qui réussit à pacifier les frontières et à sédentariser les nomades.
Située à un carrefour de routes, des caravanes chargées d'or transitent par ses  murs.
Pareille fortune suscite l'envie. Prise entre les Hafsides et les puissants Méri­nides, Tlemcen a trop de prétendants. Abou Yacoub, le sultan mérinide de Fès, en fera le siège pendant huit ans (1299-1307), à coups de bombardes et de catapultes. Et il se lasse si peu qu'il transforme son camp en une véritable ville, Mansoura (la « victorieuse »). Le siège se prolonge; caravansérails, mos­quées et palais s'élèvent à Mansoura, tandis qu'en face, les habitants de Tlem­cen finissent par manger des rats et des serpents.
Céderont-ils? La légende raconte qu'alors, une vieille femme, Aïcha, aurait eu l'ingénieuse idée de nourrir en cachette un veau, puis de le lâcher, gros et gras, hors de l'enceinte, devant des assiégeants perplexes : si les gens de la ville engraissaient leurs bêtes avec du blé, c'était que leurs réserves étaient inépuisables... Et, découragés, ils au­raient levé le siège sans tarder. La vérité est moins romanesque : le sultan ayant été assassiné par un de ses eunuques, ses troupes se replièrent. Trente ans plus tard, les Mérinides relèvent Mansoura et renouvellent l'attaque contre Tlemcen, l'obligeant cette fois à céder. La ville est mise à sac tandis que le roi, ses trois fils et le vizir ont la tête tranchée. La victoire d'Abou el-Hassan entraîne l'annexion du royaume de Tlemcen, qui connaît alors une remarquable prospérité. Les échanges s'y dé­veloppent, la vie est fastueuse, le souverain offre des fêtes splendides aux émissaires de la chrétienté. Mais Tlem­cen sera pourtant à nouveau perdue, et les derniers Abdalwâdides retrouveront leur indépendance précaire entre Fès et Tunis.

Le Maghreb se replie sur lui-même. Les Berbères des montagnes retournent à leurs coutumes, les royaumes se morcèlent en petites principautés. Le com­merce décline : c'est une période de stagnation et d'anarchie, que les Turcs et les chrétiens vont mettre à profit pour s'insinuer...

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