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16-L'Assassinat, Procédure De Succession

Notes diplomatiques, menaces, canonnades, cadeaux : les Européens essaient par tous les moyens de faire respecter leurs pavillons. Mais devant l'inutilité de leurs efforts, les gouverneurs finissent par acheter leur tranquillité au prix de bons écus et par nouer des relations commerciales! Le pape lui-même paie un lourd tribut. Quant à la France, elle a fondé, dès 1561, un comptoir près de Bône pour l'exploitation du corail et installé des consuls. À Collo, à La Calle, la Compagnie d'Afrique procède pour son compte à des importations de céréales.
Cependant les affaires de la Régence déclinent, au XVIIIe siècle. La course rapporte moins, car les bateaux euro­péens, dotés de perfectionnements tech­niques, apprennent à se défendre. Constantinople, de son côté, cesse d'en­voyer des janissaires, et Alger doit recru­ter ses hommes dans la pègre des ports méditerranéens.

Le pouvoir a changé de mains : une première réforme a remplacé le puis­sant beylerbey par trois pachas, sortes de fonctionnaires renouvelables tous les trois ans, sans autorité réelle et soucieux de s'enrichir. En 1671, une seconde réforme supprime le régime des pachas et confie le pouvoir central à un dey, tandis que la Régence est divisée en trois provinces (Médéa, Oran et Constantine), sous l'autorité d'un bey. Nommé à vie par le divan, le dey n'est qu'un souverain potiche entre les mains des corsaires et des janissaires. Enfermé dans la cage dorée de son palais, la Djenina, il est constamment surveillé par Podjak qui, pour obtenir une augmen­tation de solde, peut déclencher une révolution. L'assassinat devient la pro­cédure régulière de succession, si bien que les candidats à la charge suprême se font de plus en plus rares. Certains deys ne régnent pas plus de quinze jours, et les changements s'effec­tuent dans le sang, le jour de la paye. Un janissaire étrangle le dey tandis que ses camarades poursuivent les fidèles du défunt dans les corridors du palais. Le pavillon rouge est hissé au-dessus de la Djenina tant que dure la révolution : les Algérois, en entendant les coups de feu, ferment leurs boutiques, et les Juifs se barricadent dans les synagogues, car chacun sait que les janissaires, lâchés dans les rues, vont tout piller. L'émeute s'achève lorsque le nouvel élu a procla­mé hautement qu'il doublait la solde. Alors, on lave le palais à grande eau, on ôte les cadavres et on hisse l'étendard vert. À partir de 1817, le dey Ali Khodja abandonnera la Djenina aux janissaires pour se réfugier avec le trésor dans la forteresse   bien  gardée  de   la  Casbah.

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