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11-Une «nuée de sauterelles»

Ce sont des temps troublés pour le Ma­ghreb, où les ambitions politiques et les rivalités tribales alimentent le fanatisme religieux. Les Fâtimides font régner une fiscalité impitoyable; les nomades multi­plient les razzias; et les faux prophètes surgissent, comme cet Abou Yazïd, dit « l'homme à l'âne », Zénète khâridjite qui prêche la rébellion en images san­glantes, et finit, la peau empaillée, dans une cage où deux singes ont été dressés à lui tirer la barbe! Les Zîrides, maîtres du Maghreb oriental, se heurtent aux Zénètes nomades, qui tiennent la partie occidentale avec l'appui des califes de CordoUe : l'Algérie, au milieu des zones d'influence, sert de champ clos à leurs rivalités.

Et pourtant, ces deux siècles d'occupa­tion arabe, où les dynasties semblent se succéder comme vagues sur le sable, transforment en profondeur le Maghreb. La population berbère assimile la nou­velle civilisation, et la campagne, à en juger les descriptions du géographe Bekri, est prospère. Mais en 1051, des hordes de Bédouins, qui dévastaient l'Egypte, tombent sur l'Afrique comme une « nuée de sauterelles », raconte le grand historien Ibn Khaldùn. C'est pour se venger des Zîrides, devenus indépen­dants, que le calife d'Egypte a lancé ces pillards — les Béni Hilâl et les Béni Soleïm — sur l'Afrique rebelle. Leurs troupeaux saccagent forêts et vergers; les terres cultivées retournent en friche; les bourgs brûlent, les notables sont massacrés. Tout un équilibre s'ef­fondre. En même temps, la langue bé­douine se propage tandis que les races se mêlent. Affamés, chassés de leurs terres, beaucoup de Berbères affluent sur les côtes, où ils vont se livrer au trafic maritime avec la Sicile et même à la piraterie.

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