Ce sont des temps troublés
pour le Maghreb, où les ambitions politiques et les rivalités tribales alimentent
le fanatisme religieux. Les Fâtimides font
régner une fiscalité impitoyable; les nomades multiplient les razzias; et les faux prophètes surgissent, comme cet Abou Yazïd, dit « l'homme à
l'âne », Zénète khâridjite qui
prêche la rébellion en images sanglantes, et finit, la peau empaillée, dans une cage où deux singes ont été dressés à lui tirer la barbe! Les Zîrides, maîtres du Maghreb oriental, se heurtent aux Zénètes nomades, qui tiennent la partie occidentale avec l'appui des califes de CordoUe : l'Algérie, au milieu des zones d'influence, sert de champ clos à
leurs rivalités.
Et pourtant, ces deux siècles
d'occupation arabe, où les dynasties semblent se succéder
comme vagues sur le sable, transforment en profondeur le Maghreb. La population berbère
assimile la nouvelle civilisation, et la campagne, à en juger les descriptions du géographe Bekri, est prospère. Mais en 1051, des hordes de Bédouins, qui dévastaient l'Egypte, tombent sur l'Afrique comme une « nuée de sauterelles », raconte le grand historien Ibn Khaldùn. C'est pour se venger des Zîrides, devenus indépendants, que
le calife d'Egypte a lancé ces pillards
— les Béni Hilâl et les Béni Soleïm — sur l'Afrique rebelle. Leurs
troupeaux saccagent forêts et vergers; les
terres cultivées retournent en
friche; les bourgs brûlent, les notables sont massacrés. Tout un équilibre s'effondre. En même temps, la langue bédouine se propage tandis que
les races se mêlent. Affamés, chassés de
leurs terres, beaucoup de Berbères
affluent sur les côtes, où ils vont se
livrer au trafic maritime avec la
Sicile et même à la piraterie.
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