Les khâridjites sont partisans d'un calife élu par la communauté et non plus héréditaire : tout fidèle, s'il en est digne, peut être choisi comme calife, « en dehors de tout privilège de race, fût-il esclave
noir ». Cette doctrine égalitaire répond
aux exigences d'un peuple pau-< vre et épris d'absolu. Les grosses tribus dissidentes se regroupent autour d'un porteur d'eau, Maïsara, et les khâridjites occupent Kairouan, d'où ils sont délogés par le gouverneur d'Egypte (761). Cependant, les Arabes ne sont pas assez forts pour imposer leur loi au-delà de l'Ifrïqiyya, et c'est un Persan, Ibn Rostem, qui fonde, au nom de la nouvelle
doctrine, le royaume de Tâhert (787).
Le schisme gagne Tlemcen et Sidjilmâsa.
Le royaume de Tâherf devient vite florissant.
L'imâm, élu par la communauté, mène une vie d'ascète, dans un souci de purification;
il se nourrit de lait, dort sur un coussin, ne touche jamais d'argent de ses mains; on lui rend visite de loin, car il gouverne justement, dans le respect du Coran et sous le contrôle
des docteurs.
L'organisation de la société repose sur une économie communautaire;
des percepteurs prélèvent la dîme sur les récoltes et les
troupeaux et répartissent le produit également entre tous. Ce royaume paisible ne saura pas se défendre contre les troupes chiites (911), et, après la destruction de Tâhert, les khâridjites émigreront aux confins du Sahara, à Ouargla et au Mzab, où vivent toujours leurs descendants. Ce sont les Kotâma, farouches montagnards de
Petite Kabylie, qui provoquent l'effondrement
de Tâhert. Quelques-uns de leurs
chefs ont été convertis, pendant un
voyage à La Mecque, à la doctrine chiite, laquelle ne reconnaît pour
calife qu'un descendant de la fille du
Prophète, Fâtima, et de son gendre,
'Ali. Cet homme prédestiné, le Mahdi,
reste caché et invisible, mais il
doit réapparaître un jour; et, tandis
que les fidèles vivent dans une
pieuse attente, le Mahdï se fait connaître
au Xe siècle, en la personne d'un Syrien, alors prisonnier
dans le Tafilalet, 'Obaïd Allah. Son
lieutenant, le missionnaire Abou 'Abd
Allah, vif chez les Kotâma, dans les
montagnes sauvages de Petite Kabylie,
et, de là, lance ses raids contre les
khâridjifes, puis contre les maîtres
de Kairouan, les Aghlabides.
Victorieuse, l'armée
chiite tire le Mahdï de prison, lequel, craignant une rivalité
de pouvoir, s'empresse d'exécuter son lieutenant, avec la
bénédiction d'Allah. Officiellement proclamé «commandeur
des croyants », 'Obaïd Allah choisit pour capitale la ville
fortifiée de Mah-dia (« la ville du Mahdï »), sur la côte tunisienne.
Pour l'héritier du Prophète, il ne s'agit encore que d'une étape : son
objectif est de s'emparer de l'Egypte, où ses descendants imposeront
la dynastie fâtimide autour de 970. Restée maître de la
Berbérie, la tribu Sanhâdja (Kotâma) fonde la dynastie des
Zîrides.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire