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10-Éternels Dissidents

Les khâridjites sont partisans d'un calife élu par la communauté et non plus héré­ditaire : tout fidèle, s'il en est digne, peut être choisi comme calife, « en dehors de tout privilège de race, fût-il esclave noir ». Cette doctrine égalitaire répond aux exigences d'un peuple pau-< vre et épris d'absolu. Les grosses tribus dissidentes se regroupent autour d'un porteur d'eau, Maïsara, et les khârid­jites occupent Kairouan, d'où ils sont délogés par le gouverneur d'Egypte (761). Cependant, les Arabes ne sont pas assez forts pour imposer leur loi au-delà de l'Ifrïqiyya, et c'est un Persan, Ibn Rostem, qui fonde, au nom de la nouvelle doctrine, le royaume de Tâhert (787). Le schisme gagne Tlemcen et Sidjilmâsa.
Le royaume de Tâherf devient vite floris­sant. L'imâm, élu par la communauté, mène une vie d'ascète, dans un souci de purification; il se nourrit de lait, dort sur un coussin, ne touche jamais d'argent de ses mains; on lui rend visite de loin, car il gouverne justement, dans le respect du Coran et sous le contrôle des docteurs. L'organisation de la société repose sur une économie communau­taire; des percepteurs prélèvent la dîme sur les récoltes et les troupeaux et répar­tissent le produit également entre tous. Ce royaume paisible ne saura pas se défendre contre les troupes chiites (911), et, après la destruction de Tâhert, les khâridjites émigreront aux confins du Sahara, à Ouargla et au Mzab, où vivent toujours leurs descendants. Ce sont les Kotâma, farouches monta­gnards de Petite Kabylie, qui provoquent l'effondrement de Tâhert. Quelques-uns de leurs chefs ont été convertis, pendant un voyage à La Mecque, à la doctrine chiite, laquelle ne reconnaît pour calife qu'un descendant de la fille du Prophète, Fâtima, et de son gendre, 'Ali. Cet homme prédestiné, le Mahdi, reste caché et invisible, mais il doit réapparaître un jour; et, tandis que les fidèles vivent dans une pieuse attente, le Mahdï se fait connaître au Xe siècle, en la personne d'un Syrien, alors prisonnier dans le Tafilalet, 'Obaïd Allah. Son lieutenant, le missionnaire Abou 'Abd Allah, vif chez les Kotâma, dans les montagnes sauvages de Petite Kabylie, et, de là, lance ses raids contre les khâridjifes, puis contre les maîtres de Kairouan, les Aghlabides.

Victorieuse, l'armée chiite tire le Mahdï de prison, lequel, craignant une riva­lité de pouvoir, s'empresse d'exécuter son lieutenant, avec la bénédiction d'Al­lah. Officiellement proclamé «comman­deur des croyants », 'Obaïd Allah choisit pour capitale la ville fortifiée de Mah-dia (« la ville du Mahdï »), sur la côte tunisienne. Pour l'héritier du Prophète, il ne s'agit encore que d'une étape : son objectif est de s'emparer de l'Egypte, où ses descendants imposeront la dynastie fâtimide autour de 970. Restée maître de la Berbérie, la tribu Sanhâdja (Kotâma) fonde la dynastie des Zîrides.

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