À
la fin du mois d'août 410, une nouvelle inconcevable parvient en Afrique : Rome
vient
d'être pillée trois jours durant par les Barbares du Goth
Alaric. Rome n'est plus, bien sûr, la capitale politique de l'Empire,
mais elle symbolise toujours le monde civilisé. Au cours de l'hiver, les
réfugiés affluent en Afrique avec tous leurs biens. Au
milieu de ce chaos, la Colonie apparaît encore comme une oasis de prospérité. Pour
peu de temps! Les Vandales qui franchissent
le détroit de Gibraltar en 429 sont d'une autre espèce, bien pire que
les Goths!
Douze mille guerriers venus de la Baltique avec leurs femmes, leurs enfanis, leurs chariots, leurs troupeaux, ont traversé la Gaule et l'Espagne en
détruisant
fout sur leur passage. Leur chef? Un nabot contrefait, parlant
peu ei méprisant
le luxe, mais avide de richesses et porté à de furieux accès de rage
: Genséric, roi des Vandales. Les Vandales sont des chrétiens, mais des chrétiens
ariens, convaincus qu'ils ont le dieu des Batailles de leur
côié. Ils
entrent en Afrique comme un couteau s'enfonce dans du
beurre. Nulle résistance, ni parmi les masses berbères contentes
de voir tomber le pouvoir romain, ni chez les évêques divisés et démoralisés,
ni chez les militaires; le comte Boniface, personnage suspect qui gouverne
la colonie africaine, ouvre ia porte, semble-t-M, aux envahisseurs : n'a-t-il pas épousé une
femme de religion arienne?
Seul
Augustin résiste
dans la ville fortifiée d'Hippone, où se réfugient des foules d'hommes, de femmes et d'enfants terrorisés.
Les Vandales investissent la ville;
ils torturent, brûlent, saccagent, mais
Hippone résistera longtemps, et le vieil évêque mourra en 430 sans en voir la chute. En 439, Carthage tombe. Les Vandales s'installent en Afrique pour un siècle.
Rien ne subsiste de ce qui fit l'orgueil romain : les forteresses sont rasées, la vie
municipale s'éteint; les nomades retournent à leurs coutumes
ancestrales; les Barbares fondent sur les
villes; les évêques sont exécutés ou
enfermés dans des camps, tandis que
les donatistes relèvent la tête.
Malgré l'effroyable persécution,
qui redouble
sous les successeurs de Genséric, les catholiques vont tenir encore
plusieurs siècles, réfugiés dans certains quartiers où ils
ont leur chapelle et leur baptistère.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire