Agé de vingt-quatre ans, le jeune émir n’est encore que
l’élu de quelques tribus qui se battent contre l’occupant : un rebelle
sans terre ni armée. Beaucoup de ses coreligionnaires ont préféré pactiser avec
les Français ; on ne reconnait pas son autorité au-delà de l’Oranie.
Mais en quelques mois il va s’imposer comme le chef
indiscuté d’une coalition de tribus et parler d’égal à égal avec le
représentant du roi des Français.
Destin exemplaire ! De Jugurtha à Abd el-Kader,
toute l’histoire de l’Algérie est ponctuée par ces insurrections de chefs
berbères ou arabo-berbères qui se sont soulevés contre les conquérants
étrangers et ont tenté de regrouper les tribus dissidents. A des hommes de
cette trempe, le pays doit d’avoir pu surmonter ses divisions tribales et se
constituer en État.
Car l’histoire de l’Algérie manque d’unité. Inséparable
de l’évolution du Maghreb, elle est l’histoire chaotique des dominations
successives, punique, romaine, vandale, byzantine, arabe turque et française,
et des luttes intermittentes des tribus pour leur indépendance.
Ni la configuration du sol ni les structures ethniques
n’ont favorisé la formation d’une nation : les collines boisées coupées
par des oueds, les montagnes âpres et impénétrables, alternant avec des vallées
profondes, délimitent des régions closes ou chaque tribu a ses particularismes
économiques et sociaux.
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