L'énergie de ces rudes Germains fond pourtant
sous le soleil d'Afrique. Ils prennent goût aux plaisirs faciles et perdent
leurs qualités guerrières; les indigènes les remplacent
bientôt dans les formations militaires. En Numidie et en Mauritanie, de petits
royaumes indépendants s'érigent, tandis
que les rivalités intestines
affaiblissent la dynastie.
Il va
suffire de quelques mois pour que les
Vandales tombent à leur tour sous le
choc des troupes régulières de l'armée byzantine.
Justinien et Théodora! À ce couple illustre, qui, en 527,
s'agenouille dans la basilique
Sainte-Sophie et reçoit le diadème impérial devant une foule prosternée,
revient le rôle de sauver la chrétienté.
Pour la gloire de Dieu, et pour leur
compte, ils vont chasser d'Afrique les
hérétiques et reconstituer l'Empire, dépecé
par les Barbares. En juin 533, une flotte de cinq cents navires cingle vers l'Afrique. Les soldats byzantins débarquent au sud de Carthage, et le général Bélisaire gagne deux batailles décisives. Restés neutres jusqu'alors, les
chefs
berbères font leur soumission et reçoivent en échange le
sceptre d'argent doré, le diadème, le manteau blanc a agrafes
d'or, les brodequins, tous les attributs qui les confirment dans leur pouvoir. Le roi vandale Gélimer est fait captif, et Justinien se pare lui-même des titres de « Vandaltcus » et « Africanus ». Un plan de réorganisation de l'Afrique est
mis sur pied. Des murailles, des casernes, des
basiliques s'élèvent
bientôt sur les ruines qu'ont laissées les
Vandales. Le nouveau tracé du limes
rejoint presque les anciennes frontières romaines. Un préfet du prétoire,
assisté de fonctionnaires et de gouverneurs, veille à l'application des lois dans les différentes provinces de la Berbérie, érigée en diocèse. Voilà reconstituée la grandeur romaine.
Trompeuses apparences! Despotique, rongée
par la concussion, minée par les schismes, Byzance ne
contrôle guère l'Afrique qui, dès la fin du VIe siècle, est devenue
presque autonome sous l'autorité d'un exarque ou patrice. Les Berbères
se battent pour leur indépendance et s'organisent en confédération, faisant de l'Aurès une forteresse
inexpugnable.
Des
mutineries éclatent dans l'armée. Nu! chef n'est assez fort,
après les généraux Solomon et Troglita, pour lutter contre la corruption,
les révoltes, les pillages. L'empereur
Héraclius ne parvient pas à rétablir
l'ordre, et, à la veilîe de l'invasion arabe, l'exarque Grégoire se proclame « basileus », rompant ses liens
d'allégeance. La division des chrétiens
ouvre grande la route à l'islam.
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