Lorsque les phéniciens fondent Carthage au IXe
siècle av.J-C., L’Afrique du Nord
est depuis longtemps peuplée. Le paléontologiste Camille Arambourg a retrouvé,
en 1954, à Ternifine, près de Mostaganem, les restes d’un squelette d’homme
vieux de près de cinq cent mille ans, qui s’apparente au pithécanthrope, et
représente sans doute la race autochtone du Maghreb, l’atlanthrope.
Le Maghreb est une des seules terres du monde ou l’on
puisse retrouver tous les chaînons de l’évolution de l’espèce humaine. Dernier
maillon, l’Homo sapiens y parait au VIIIe millénaire, succédant à l’atérien. Il vit
dans des grottes, puis dans des campements faits des branchages, et se nourrit
d’escargots, comme le laissent supposer ces tumuli noirâtres, les
escargotières, retrouvés à Gafsa (la Capsa romaine), en Tunisie, et à Mechta
el-Arbi, dans le constantinois. On l’appelle capsien. Des capsiens sont sans
doute issus les Berbères, que les ethnologues rattachent à la race hamitique,
tandis que les Arabes sont de race sémitie. La famille étendue, de type
patriarcal, constitue la cellule de base berbère.
Plusieurs familles se regroupent en village, le ksar, à
la fois grange et place forte ; un conseil, la djemaa, administre le
village selon un system démocratique et communautaire, les terrains de parcours
pour les troupeaux étant collectifs. Pour assurer leur défense contre des clans
rivaux, les familles se rassemblent en tribus et se fondent parfois en une
unité plus vaste, confiant alors l’autorité à un chef de guerre, l’aguellid.
À la religion primitive animiste se mêle bientôt le
culte des dieux carthaginois tandis que se répand la langue punique.
Faute de documents écrits, on ne sait pas grand-chose de
l’histoire proprement africaine sous la domination punique.
Outre les quelque trois cents comptoirs et escales
qu’ils ont aménagés dans les échancrures du rivage, les Carthaginois exploitent
de grands domaines agricoles, sur lesquels travaillent les esclaves berbères.
Les paysans restés libres sont soumis à une lourde fiscalité. Quant aux nomades
de l’intérieur, ils gardent jalousement leur indépendance, à moins qu’ils ne
s’enrôlent dans des troupes de mercenaires. Carthage les tient en respect en
entretenant les rivalités tribales, en s’assurant par des cadeaux l’appui des
aguellid, ou en favorisant les mariages mixtes.
Plus soucieuse de ses intérêts commerciaux que
d’expansion territoriale, elle gère avec prudence ses affaires mentant, a-t-on
dit, (une politique d’épicier).
Une politique d’épicier que menacent bientôt les
ambitions de Rome : en 264 av.J-C., la guerre éclate entre les deux cités
pour la maitrise de la Méditerranée.
Le conflit, coupé de trêves armées, va durer près de
cent vingt ans et se terminer par la disparition de Carthage.
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